D’après l’étude de Kyles et al., les lithiases urétérales sont en recrudescences depuis plusieurs années chez le chat. (1)
L’âge moyen au moment du diagnostic des lithiases urétérales est de 7 ans et les chats européens représentent plus de la moitié des cas. (1,4,5)
Certaines races semblent être plus fréquemment rencontrées comme les Siamois et les Persans. (1,4)
Comme pour Lili, la présentation clinique est non spécifique. Les signes cliniques les plus fréquents sont une dysorexie, un abattement, des vomissements et un amaigrissement. (1,4,5)
Dans le cas de Lili, on a suspecté une atteinte rénale après l’analyse d’urine et l’analyse biochimique. Une SDMA a été réalisée en plus du dosage de la créatinine et de l’urée au vu du faible score corporel de Lili.
En effet, la SDMA ne varie pas en fonction de la masse musculaire de l’animal comme peut le faire la créatinémie. (3)
Pour investiguer une azotémie, l’échographie abdominale est l’examen de choix bien que sa sensibilité pour diagnostiquer les lithiases urétérales soit discrètement inférieure aux radiographies abdominales (77% vs 81%). (1) En effet, l’échographie permet d’évaluer la morphologie rénale (parenchyme, taille), la cavité pyélique, les lithiases, les uretères et la présence de signes d’une obstruction urétérale.
Selon plusieurs études, lors d’obstruction urétérale, l’échographie abdominale met en évidence une néphromégalie, une hydronéphrose et une dilatation de l’uretère et des lithiases urétérales. (1,4)
Dans notre cas, Lili présentait tous ces signes et avec en plus une hydronéphrose importante, la présence de contenus échogènes dans la cavité pyélique et dans l’uretère, ce qui, associé à l’hyperthermie au 2ème jour, est en faveur d’une pyélonéphrite voir d’une pyonéphrose. Cette pyonéphrose est confirmée lors de la néphrectomie.
La pyonéphrose est définie par la présence de pus dans les voies excrétrices dilatées avec destruction du parenchyme rénal. (5,6)
Il s’agit d’une complication rare des obstructions urétérales. Elle a rarement été décrite chez les chats.
Une étude récente de Cray et al. (5) a fait la description de 4 cas de pyonéphrose obstructive. Le traitement choisi a été la mise en place d’un appareil de dérivation pyélo-vésicale qui a permis de drainer le pus de la cavité pyélique en réalisant fréquemment des lavages pyéliques. Un chat a eu l’appareil de dérivation pyélo-vésical obstrué par du pus ce qui a nécessité de changer d’appareil. L’hydronéphrose et l’infection urinaire ont été résolues chez 2 chats sur 4, un chat a continué d’avoir une bactériurie mais sans symptômes et le dernier a été euthanasié 60 jours après la chirurgie. Deux chats étaient encore vivant 1.5 ans et 2.5 ans jours après la chirurgie, le 3ème chat a été euthanasié 1.5 ans après la chirurgie.
La pose d’un appareil de dérivation pyélo-vésicale a été refusée par propriétaires, une néphrectomie a été réalisée à la place.
La néphrectomie n’est pas un traitement de premier choix car dans 76 % des cas le rein controlatéral de l’obstruction urétérale présente déjà des signes de néphropathie qui expose l’animal à une maladie rénale dans un futur proche. (1,4)
Il n’existe pas de donnée dans la littérature pour donner un pronostic précis aux propriétaires dans le cas de Lili. Cependant, on peut dire que le pronostic des obstructions urétérales est réservé à long terme à cause du risque de lithiases urétérales obstructives du rein controlatéral.
Un an après, un nouvel épisode a lieu et au vu des valeurs rénales et de l’état général du chat à l’admission, les propriétaires ont la pris la décision d’euthanasie.